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Qu’est-ce que le trouble panique et l’agoraphobie?

  • 12 min

À travers ce texte, apprenez-en davantage sur le trouble panique et l'agoraphobie : ses symptômes, sa prévalence, ses traitements et plus encore.

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Avant de traiter du trouble panique et de l’agoraphobie, nous allons définir l’attaque de panique (AP) qui fait partie intégrante de ces deux troubles. Par la suite nous traitons des symptômes physiques et psychologiques qui accompagnent l’AP et le trouble panique, la prévalence du trouble panique et de l’agoraphobie ainsi que des facteurs de risque et de maintien. Nous donnons ensuite une brève description de ce qu’est la thérapie cognitive comportementale qui se révèle très efficace pour traiter ces troubles. Nous terminons par des suggestions pour vous aider dans votre rôle d’accompagnateur.

L’attaque de panique

L’attaque de panique est une période bien délimitée d’anxiété intense. Ce n’est pas un trouble mental à proprement parler. Elle peut se présenter dans le contexte de tout trouble anxieux. Il est possible qu’une personne en expérimente qu’une seule dans sa vie1. Même un événement heureux comme un mariage peut provoquer une attaque de panique2.

Le trouble panique

Le trouble panique quant à lui apparaît lorsque la personne expérimente plusieurs attaques de panique. Il est associé à une crainte persistante de revivre de telles attaques (ce que l’on nomme la peur d’avoir peur), à de l’inquiétude au sujet des conséquences de ces attaques et à un changement significatif de comportement découlant de ces attaques qui conduit à une importante baisse de la qualité de vie et de son fonctionnement de tous les jours. Par exemple devoir prendre congé du travail, prendre une pause de ses études, être lié à des relations perturbées avec l'entourage, etc. On parle alors d’un trouble de santé mentale.

L’agoraphobie

À l’origine on désignait l’agoraphobie comme la peur des endroits publics. Maintenant on la considère plus spécifiquement comme une anxiété liée au fait de se trouver dans des lieux où il serait difficile de s’échapper et qu’aucun secours ne serait offert en cas d’attaque de panique3 ainsi que par le besoin d’être accompagné dans ces lieux.

Depuis la publication de la cinquième édition du manuel diagnostique de l’Association américaine de psychiatrie, on dissocie l’agoraphobie du trouble panique. Toutes les personnes présentant un trouble panique ne deviennent pas nécessairement agoraphobes.

Quels sont les symptômes de l’attaque de panique et du trouble panique4?

  • Des palpitations, des battements de cœur ou une accélération du rythme cardiaque
  • De la transpiration
  • Des tremblements ou des secousses
  • Des sensations d’essoufflement ou d’étouffement
  • Un sentiment d’étouffer
  • De la douleur ou de la gêne thoracique
  • Des nausées ou de la douleur abdominale
  • Des sensations d’étourdissement, d’instabilité, de vertige ou d’évanouissement
  • Des frissons ou des bouffées de chaleur
  • Des sensations d’engourdissement ou de picotements
  • Une déréalisation (des sentiments d’irréalité) ou de dépersonnalisation (se sentir détaché de soi)
  • La peur de perdre le contrôle de soi ou de « devenir fou »
  • La peur de mourir

La personne qui vit de telles attaques consultent souvent à l’urgence craignant pour sa santé et même pour sa vie.

Quelle est la prévalence du trouble panique et de l’agoraphobie?

Selon le DSM-5-TR la prévalence sur 12 mois du trouble panique, dans la population générale, aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe, est de l’ordre de 2 % à 3 % chez les adultes et les adolescents. Pour cette même population, on fait part d’une prévalence de 1 % à 1,7 % de symptômes d’agoraphobie, toujours sur 12 mois. Les femmes sont deux fois plus à risque de développer ce trouble que les hommes. Environ de 0,2 % à 0,8 % de la population adulte de plusieurs pays, sur 12 mois, reçoivent un diagnostic d’agoraphobie sans présenter un trouble panique.

Les données les plus récentes au Québec concernant ces deux troubles datent de 2002. Ainsi la prévalence sur 12 mois du trouble panique est de 1,5 % chez la population âgée de 15 ans et plus avec une proportion deux fois plus élevée chez les femmes. Quant à l’agoraphobie le taux est de 1,1 % avec une prévalence trois fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes5.

Quant aux attaques de panique, on rapporte un taux de prévalence sur 12 mois de 9,5 % à 11,2 % aux États-Unis chez les adultes. Les femmes sont plus souvent affectées par des attaques de panique, mais les différences d’avec les hommes sont moins marquées que pour le trouble panique.

Quels en sont les facteurs de risque et de maintien?

Les facteurs prédisposants

Concernant les facteurs prédisposants à développer un trouble panique, on traite d’une tendance à une affectivité négative, d’une sensibilité à l’anxiété, c’est-à-dire de croire que les symptômes d’anxiété sont nocifs et ainsi on tente de les éviter.

Les facteurs environnementaux

Pour ce qui est des facteurs environnementaux qui prédisposent à un tel trouble, on note le fait d’avoir vécu des évènements stressants quelques mois avant la première attaque de panique. Environ de 10 % à 60 % des personnes qui présentent un trouble panique rapportent une histoire de trauma ou d’évènements de vie stressants dans leur enfance ou leur adolescence, ce qui est associé à un trouble plus grave6.

Selon Goulet (2014), il y a un risque 8 fois plus élevé de présenter un trouble panique lorsqu’un membre de la famille de premier degré a un tel trouble ou est agoraphobe. Ici il peut s’agir d’apprentissage. En effet, le fait de côtoyer un parent anxieux peut nous faire apprendre à agir de façon anxieuse et d’avoir un style cognitif propre à interpréter les évènements de façon catastrophique.

L’évitement est central à tous les troubles anxieux et contribue à leur maintien.

  • L'évitement

    pour le trouble panique

    Pour le trouble panique, la personne l’interprète comme étant incontrôlable et imprévisible. Elle devient hypervigilante, ce qui accentue les symptômes et alimente sa peur. Apparaissent alors des comportements sécurisants : se faire accompagner (ce qui devient à ce moment de l’agoraphobie), se placer près des portes de sortie, etc. Ces comportements ont la même fonction que l’évitement.

  • L'évitement

    pour l'agoraphobie

    Pour l’agoraphobie c’est l’évitement situationnel ou le besoin d’être accompagné pour se rendre dans des endroits appréhendés qui est au cœur de son maintien. Donc la personne vivant avec ce trouble va solliciter son entourage pour aller au restaurant, faire des courses, etc. L’évitement situationnel représente un cercle vicieux, plus la personne évite de sortir seule, plus elle demande d’être accompagnée, plus la peur persiste.

La personne vivant avec un trouble panique ou de l’agoraphobie évite donc les endroits susceptibles de provoquer une attaque de panique. Ceci provoque un soulagement de l’anxiété à court terme, ce qui renforce cette stratégie de gestion. C’est compréhensible de faire cela, et il faut l’expliquer à la personne que vous accompagnez. Mais il faut lui dire que plus on évite, plus le trouble va se maintenir, et même augmenter.

Il existe certains bénéfices secondaires à maintenir ce trouble et des facteurs interpersonnels qui entrent en jeu : par exemple la personne obtient plus d’attention et d’aide de la part de l'entourage et par conséquent elle exerce moins de responsabilités, par exemple en laissant les autres faire les courses à sa place. Si ces gains sont importants, elle sera moins portée à aller chercher de l’aide. Aussi l'entourage peut bénéficier de gains secondaires, comme se sentir utiles en accompagnant la personne, mais malheureusement ceci contribue à la surprotéger.

Il n’est pas aidant d’accompagner une personne agoraphobe dans divers lieux!

Dans ce sens, il est important que vous compreniez qu’il n’est pas aidant d’accompagner une personne agoraphobe dans divers lieux, ou faire les courses à sa place. En connaissant ces mécanismes qui contribuent à maintenir le trouble, vous pourrez comprendre que ces gestes ne sont pas aidants, sans vous sentir jugé, car vous êtes sûrement bien intentionné au départ. Lorsqu’on explique que ce que l’on croyait faire pour le bien de la personne contribue à maintenir son trouble, en général les gens acceptent de cesser leur comportement de protection.

Comment traiter le trouble panique?

Voici une brève description de ce qu’est la thérapie cognitive comportementale pour le trouble panique7.

  • Dans un premier temps, dans ce type d’intervention, les thérapeutes ont un rôle éducatif à jouer en renseignant la personne et les membres de l'entourage : en leur parlant des facteurs qui peuvent déclencher le trouble, ceux qui le maintiennent, en démystifiant les symptômes de panique par l’explication de la physiologie des réactions de peur. Le simple fait par exemple d’avoir des palpitations peut entrainer la boucle de ces réactions et provoquer une attaque de panique.

  • Par la suite, on enseigne des stratégies de gestion des comportements par une rééducation respiratoire, car la personne en état de panique a tendance à hyperventiler, c’est-à-dire à respirer profondément et rapidement ce qui provoque plusieurs des sensations décrites plus haut. On lui enseigne également à utiliser une forme d’auto-instruction : « Je sais ce que c’est, c’est une attaque de panique. C’est très désagréable, mais absolument pas dangereux, cela va passer. »

  • Par la suite, l’aspect cognitif de la thérapie consiste à l’aider à modifier les interprétations catastrophiques qu’elle fait des situations évitées, à reconnaitre les interprétations négatives qui y sont liées pour les remettre en question.

  • Ensuite, on expose la personne aux sensations qu’elle craint en dehors des situations qu’elle évite, dans un endroit sécuritaire dans l’objectif de l’amener à un sentiment de contrôle de ses symptômes. Lorsque les symptômes physiques ne génèrent plus d’anxiété, le trouble panique disparait.

  • Après avoir bien compris les bases physiologiques et psychologiques de l’attaque de panique, on réalise une exposition progressive in vivo, c’est-à-dire en situation réelle, où on apprend à la personne à cesser l’évitement des situations et à les affronter pour briser le cycle de « la peur d’avoir peur ». On agit par hiérarchisation des diverses situations évitées : de la plus facile à la plus difficile. En général, les thérapeutes accompagnent la personne au cours d’au moins un exercice.

Quatre règles de base sont à respecter pour la personne aux prises avec ce trouble :

  1. accepter les sensations;
  2. ne pas craindre le pire;
  3. rester sur place;
  4. et attendre que la peur disparaisse.

On effectue plusieurs exercices de la sorte qui sont prolongés, répétés et rapprochés. Pendant les exercices la personne doit rester sur place, se parler, accepter. Elle ne doit pas éviter ou s’échapper. 

Est-ce que l’anxiété continue toujours de monter lorsque confronté à une situation que l’on craint?

Plusieurs croient à tort que l’anxiété va toujours monter, alors qu’elle atteint un plateau pour ensuite diminuer jusqu’à l’extinction. On peut prendre l’image d’une courbe, celle-ci monte progressivement jusqu’à atteindre un certain seuil où l’anxiété est à son maximum, puis la courbe se stabilise, et redescend jusqu’à s’estomper complètement. Normalement, en intervention, on procède graduellement comme mentionné plus haut. Mais certains, comme dans l’exemple ci-dessous, décident de faire ce qu’on nomme une « immersion », c’est-à-dire s’immerger complètement dans ce qui est le plus craint, et cette méthode est très efficace8.

Thomas craignait de prendre le métro pour aller travailler même s’il demeurait à une bonne distance de son travail, et ce, par crainte de faire une attaque de panique. Il perd un précieux temps à éviter de prendre le transport en commun ne possédant pas de voiture. Après avoir suivi seulement quelques séances de thérapie, il se dit prêt et décidé à prendre le métro seul, c’est-à-dire à s’immerger dans cette situation qu’il craint plus que tout. Comme anticipé, quelques minutes après être entré dans le métro, il ressent les premières sensations d’une attaque de panique. Grâce aux techniques qu’il a apprises, il tolère ces sensations même si elles augmentent, prend des inspirations diaphragmatiques à deux ou trois reprises, c’est-à-dire en se plaçant la main sur le thorax, expire lentement et répète ceci : « Je sais ce que c’est, c’est une attaque de panique. C’est très désagréable, mais absolument pas dangereux, cela va passer ». Les sensations liées à l’attaque se sont ainsi complètement estompées et il a pu continuer le trajet pour se rendre à son bureau. Il était très heureux de ce succès. Dorénavant Thomas prend le métro tous les jours et ne craint plus les attaques de panique.

Que puis-je faire pour aider?

Il est important que la personne vivant avec un trouble panique ou de l’agoraphobie expérimente des succès. Et pour connaitre ces succès, elle doit apprendre à cesser d’éviter les lieux craints.

Par exemple, si vous êtes habitué d’accompagner votre être cher qui vit avec l’agoraphobie dans divers lieux, mais que vous constatez en lisant ce texte que vous contribuez, malgré vos très bonnes intentions, à maintenir son trouble, vous pouvez graduellement diminuer votre accompagnement jusqu’à ce votre être cher soit capable de se rendre dans ces lieux seul, sans vivre une attaque de panique.

Prenons l’exemple d’un centre commercial, vous l’accompagnez, comme d’habitude, en lui disant que vous l’attendrez à un endroit précis où il vous rejoindra dans quinze minutes. Vous pouvez ainsi prolonger le délai à chaque fois que vous vous rendrez au centre commercial avec lui jusqu’à ce que son anxiété s’éteigne.

Bien entendu, vous pouvez lui conseiller de consulter un professionnel de la santé mentale. 

Il existe un manuel d’autotraitement, qui en est à sa quatrième édition, qui peut vous aider et aider votre être cher à surmonter ses peurs reliées au trouble panique et à l’agoraphobie :

Marchand, A., Letarte, A. et Seidah, A. (2018). La peur d’avoir peur. Guide de traitement pour le trouble panique et l’agoraphobie (4e éd.). Les Éditions du Trécarré.

Vous pouvez vous procurer ce livre aux éditions du Trécarré ou encore l’emprunter dans une bibliothèque municipale.

Vous pouvez également suggérer à votre être cher de joindre un groupe d’entraide comme un de ceux organisés par Phobie-Zéro qui offre des services axés sur l’anxiété dans plusieurs localités du Québec.

Il peut être difficile par moments de vivre avec une personne aux prises avec ce type de trouble, vous pouvez aller chercher de l’aide pour vous-même auprès d’un professionnel de la santé mentale, de votre famille ou d’amis, ou encore auprès de l’association dédiée aux proches de votre région, membre de CAP santé mentale.

Sources et notes

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