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Les directives psychiatriques anticipées (DPA) et le plan de crise conjoint (PCC) : des outils pour favoriser le rétablissement et le dialogue

  • 5 min

Il est encouragé que votre être cher formule ses directives dans l’éventualité d’une rechute. Dans ce texte, découvrez les deux principaux documents pour se faire.

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Ce texte vise à encourager la personne que vous accompagnez à formuler ses directives dans l’éventualité d’une rechute de ses symptômes, particulièrement en cas de crise psychotique. Il existe principalement deux types de documents pour se faire :

  1. les directives psychiatriques anticipées (DPA) rédigées par la personne en collaboration avec un membre de son entourage, signées par deux témoins, et qui a valeur légale dans certains pays, mais pas au Canada;
  2. le plan de crise conjoint (PCC), initié par l’équipe traitante en collaboration étroite avec la personne qui vit avec un trouble de santé mentale, partagé à des membres de son entourage.

Il existe plusieurs bénéfices à écrire ce type de documents. Nous vous en présentons quelques-uns qui concernent tant la personne elle-même, l’équipe traitante que les membres de l’entourage1 :

  • une augmentation du sens de l’autonomie et du contrôle;
  • la promotion du rétablissement et du mieux-être;
  • une réflexion sur les expériences passées de crise;
  • une amélioration de la communication avec l’équipe traitante;
  • une augmentation de l’adhésion au traitement;
  • la prévention d’hospitalisations involontaires;
  • la prévention de comportements nocifs durant les crises éventuelles;
  • une amélioration de la communication avec les proches et la promotion de l’engagement des membres de l’entourage.

Avant de décrire ce que sont les DPA et le PCC proprement dits, nous traitons de deux documents à caractère légal qui existent au Québec pour consigner ses volontés concernant les soins de santé physique en cas d’incapacité à consentir ou à refuser ces soins.

Le premier est le mandat de protection (anciennement nommé mandat d’inaptitude) par lequel on nomme un mandataire aux biens (pour la gestion de ses finances) et un mandataire à la personne pour ses soins de santé. En général ce mandat est dactylographié et notarié. Mais on peut en rédiger un manuscrit que l’on nomme olographe. Pour son exécution légale, ce type de mandat doit cependant être homologué par un tribunal appuyé sur une évaluation médicale et psychosociale2.

Le deuxième consiste aux directives médicales anticipées (DMA), qui est déposé à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) qui les inscrit au Registre des directives médicales anticipées. Le fait d’être inscrites à ce Registre rendent ces directives accessibles aux professionnels de la santé qui ont l’obligation légale d’en tenir compte. Les consentements ou les refus de soins que l’on exprime en remplissant le formulaire « Mes directives médicales anticipées », qui concernent trois situations, vont s’appliquer seulement si on devient inapte à consentir et que les soins deviennent médicalement appropriés.

  1. En situation de fin de vie (condition médicale grave et incurable);
  2. en situation d’une atteinte grave et irréversible de ses fonctions cognitives (état comateux jugé irréversible);
  3. en cas d’une autre situation d’atteinte grave et irréversible de ses fonctions cognitives (par exemple une démence à un stade avancé).

Pour ces trois situations on consent ou on refuse à l’avance à cinq types de soins : la réanimation cardio-respiratoire, la ventilation assistée par un respirateur ou tout autre support technique, un traitement de dialyse, l’alimentation forcée et l’hydratation forcée ou artificielle.

Pour que ces directives soient valides, le formulaire doit être signé par la personne devant deux témoins. Si jamais elle est incapable de le signer, elle doit désigner un tiers qui le fera à sa place, et ce, devant témoins.

En cas d’urgence, et si on apte à consentir à des soins, on peut exprimer verbalement des volontés différentes de celles indiquées sur ce formulaire qui seront prises en compte par les professionnels de la santé.

Pour ce qui est des directives psychiatriques anticipées (DPA), il s’agit également d’un document écrit au moment où les personnes ont la capacité de prendre des décisions, qui définit à l’avance une conduite à tenir pour l'entourage et pour les professionnels de la santé mentale dans l’éventualité qu’elles expérimentent une crise importante qui ferait en sorte que leur capacité à prendre une décision serait réduite3. Ces directives sont élaborées par les personnes elles-mêmes avec l’aide d’au moins une personne significative de leur entourage (membres de la famille, amis, professionnels de la santé mentale, pairs aidants, avocats, etc.)4. Tout comme les DMA, pour avoir une valeur juridique, le formulaire des DPA doit être signé devant deux témoins ou devant un notaire. Pour Braun et ses collègues (2023), les DAP sont particulièrement utiles pour les personnes qui expérimentent des psychoses. Mais contrairement aux DMA, ces directives ne sont pas consignées dans un registre.

Selon Frédéric Mougeot et Aurélie Tinland, dans les DPA « les personnes concernées [donnent des indications notamment sur] :

  • leur personne de confiance
  • les signes avant-coureurs d’une crise
  • la conduite à tenir en cas de crise
  • des éléments spécifiques de [leur suivi] dans les services de santé [mentale] qui sont à privilégier. »

Ces directives doivent être partagées avec l'entourage et les professionnels, car leur but est de renforcer la parole des usagers des services de santé mentale et de psychiatrie et d’être un outil au service de leur rétablissement (2020, p. 213).

Les objectifs des DPA

Les principaux objectifs des DPA sont :

  • d’éviter les hospitalisations involontaires;
  • d’accroitre l’autonomie des personnes vivant avec un trouble de santé mentale; c’est-à-dire de favoriser leur rétablissement;
  • de diminuer la discrimination à leur endroit . 

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